FR :
Femme cinéphile et cinéaste en devenir, la place des femmes derrière la caméra ou plutôt leur manque de place m’interpelle. Mais c’est à la suite d' une certaine cérémonie des césars que je me suis sérieusement penchée sur la question.
EN :
Femme cinéphile et cinéaste en devenir, la place des femmes derrière la caméra ou plutôt leur manque de place m’interpelle. Mais c’est à la suite d' une certaine cérémonie des césars que je me suis sérieusement penchée sur la question.
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Femme cinéphile et cinéaste en devenir, la place des femmes derrière la caméra ou plutôt leur manque de place m’interpelle. Mais c’est à la suite d' une certaine cérémonie des césars que je me suis sérieusement penchée sur la question.
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Femme cinéphile et cinéaste en devenir, la place des femmes derrière la caméra ou plutôt leur manque de place m’interpelle. Mais c’est à la suite d' une certaine cérémonie des césars que je me suis sérieusement penchée sur la question.
Illustratrice Réalisatrice Photographe



PAVÉS DE DECONSTRUCTION FÉMINISTE
Quand est ce que ça commence au juste la déconstruction féministe ?
Est ce que c’est générationnel ? Par exemple avec #metoo pour la quatrième vague ?
Ou bien est ce que chacun.e a son début, son moment de déclic ?
Ou alors c’est une entrée plus flou…
Pour moi, je sais pas bien quand ça commence, mais ce que je retiens très clairement c’est tous les moments de micro basculements intérieurs qui me font évoluer sur ce chemin.
Et je ressens comme une tendresse envers eux…
Voici une série d'illustrations autour de ces moments, pour éclaircir la genèse de cette réflexion, allez voir ma BD à ce sujet :
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« Dans toute mon existence, je n’ai connu aucun instant que je puisse qualifier de décisif ; mais certains se sont rétrospectivement chargés d’un sens si lourd qu’ils émergent de mon passé avec l’éclat des grands événements. »
Simone de Beauvoir dans « La force de l’âge »
Je tombe sur cet extrait en cherchant si, comme dans mes souvenirs, Simone se baladait bien à flanc de falaise en simple paire d’espadrilles…
Je suis frappée d’à quel point ça colle bien avec ce qui m’anime en faisant cette nouvelle série :
Regarder en arrière vers tous ces instants qui, avec le recul, se sont chargé d’une portée plus grande. Mes pavés de déconstruction féministe comme je les appelle maintenant apparemment.

J’ai jamais adhéré aux serviettes hygiéniques. L’effet couche, les languettes qui se décollent pour venir coller à la peau, ou pire, aux poils. Alors dès que j’ai pu ce fut tampon, et plus tard la cup « revolution ». (Qui révolutionnait surtout mon transit en lui faisant barrage.) On se blinde de Doliprane, on peut PRESQUE oublier que nos menstrues existent…
Et puis les culottes menstruelles ont débarquées, et j’ai essayé. Je me souviens encore la première fois, assise sur le canapé, discutant avec ma grand mère, j’ai senti nettement le sang couler et se faire absorber. Une drôle d’étrangeté, presque agréable.
Alors les culottes de règle c’est pas la solution miracle, ça convient pas à tout le monde, mais j’ai trouvé que c’était l’option qui m’allait le mieux.
J’arrête d’ignorer mon corps, je réduis les dolip. A la place je « respire dans mon bas ventre là où j’imagine mon uterus » et je lui laisse plein de place dans des vêtements fluides. (Parfois je choisis les dolip quand même) L’hiver, on se caille les doigts à rincer les culottes à l’eau froide pour que le SANG COAGULE PAS. Mais mon colon me dit merci.

Quand j’ai acheté ce tote bag, ça faisait déjà un moment que ça m’en bouchait plus un coin d’annoncer ouvertement que j’étais féministe. D’ailleurs plus trop la peine d’annoncer tout court car mon discours fini souvent par me trahir et que le concept est assez récurrent de nos jours. C’est bon, les gens connaissent.
Loin le temps des « je crois que je suis f******** » en chuchotant, avant d’entendre les ricanements pleuvoir.
Mais, quand j’arbore ce sac à mon bras, dans la rue, avec son message sans équivoque, je sens un petit pas de plus. La revendication est immédiate, assumée, pas besoin d’engager une conversation pour que ça se sache. C’est peut être juste à l’intérieur de moi, (mais ça compte quand même) je sens une présence, une chaleur, une énergie du « faut pas me faire chier ». Et j’aime bien. Parfois on se croise entre porteuses d’items ostentatoires de la quatrième vague.

D’abord le bouleversement du visionnage du film. Pendant deux pauses du midi, à 16 ans, avec mes deux meilleures amies de l’époque. Le déchirement le premier jour de devoir couper le film pour retourner en cours, et le second c’est l’effondrement total après la fin épique. C’est à peine si on marche droit vers le lycée. Je saisi pas pleinement sur le moment pourquoi ce film me traverse autant. Pourquoi il a le goût de jamais vu et de familier en même temps. A l’époque on sait pas ce que c’est le female gaze. Et moi je pense que je suis fan de Ridley Scott. (Pck c’était pas mal aussi gladiator…. Spoiler : en fait non. Et le film sur Napoleon vient bien clore cette histoire)
Le deuxième temps se fait en écoutant le premier episode du podcast @cinerameuf . (Déjà vivement conseillé ici donc vraiment, si ce n’est pas encore fait, allez écouter !)
J’apprends là que Thelma et Louise c’est écrit….. par une femme ! Callie Khouri. C’est son premier scenario, elle l’écrit d’une traite en quatre mois et a pour ambition de le réaliser mais étrangement ne trouve aucun producteurs (le tout premier road movie avec des meufs fait par une meuf c’est archi pas vendeur) jusqu’à ce qu’elle cède sa place…. À Ridley.
Je relance le film, générique du début, je guette son nom qui m’avait toujours échappé. Il arrive à la toute fin. Riddley Scott en premier, puis les acteurs principaux et moins, ensuite l’équipe technique et les producteurs et… juste avant l’écran noir qui précède la scene d’exposition, en effet : « written by CALLIE KHOURI »On pourrait se dire que c’est l’info climax avant l’ouverture… moi je trouve surtout qu’elle arrive au moment où on ne lit même plus le texte parce qu’on a juste hâte que le film commence….

C’était la période juste un peu avant Noël.
Dans un timing déjà serré je décide qu’il est impératif que je me re taille l’undercut. J’en peux plus de passer les doigts dans ma repousse mal structurée. J’empoigne la tondeuse. Mal. Elle glisse et tombe. Je la rattrape aussitôt pour reprendre mon ouvrage à la hâte. Sensation peu familière. Je zieute le sol où mon sabot 6mm git fièrement. J’ai un grand trou en forme de ticket de metro à l’arrière du crâne. Panique contenue, j’analyse mes options : c’est impensable de vivre avec l’asymétrie.
Qu’à cela ne tienne : je rase tout à blanc.
De toute ma vie, je me suis encore jamais trop égarée des codes du beau. Par là j’entends : ce qu’on trouve acceptable et séduisant pour mon genre. Rien qui n’altère le bel objet.
Sur le coup il y’a un aspect grisant à être actrice de cela. Je le ressens dans chaque coup de tondeuse un peu jouissif, comme crabouiller un dessin raté ou déchirer du papier.
Un peu le trac de sortir de la salle de bain et d’exposer au monde mon arrière crâne limite chauve. Je sais ce qui m’attend. A Noël je collecte quelques réactions horrifiées en soulevant ma chevelure restante pour révéler mon oeuvre. En vrai les paroles s’imprègnent. Je me demande si moi aussi je ne devrais pas céder à la désolation. Mais j’aime bien la sensation de mes doigts qui passent dans mes tout petits cheveux. Et quand j’attache ce qui peut l’être, et que je me regarde dans la glace, sans maquillage, j’aime bien ce que je vois aussi. Étrange aspect fluide.Et puis ma soeur trouve ça cool. Elle fera la même connerie pas beaucoup plus tard et on rira ensemble.

Cette carte postale de “La chambre bleue” de Suzanne Valadon je l’achète en sortant de l’expo ”Pionnières”. Un moment hyper chouette que je partage avec ma mère, où sont exposées plein de femmes artistes des années folles.
Premier constat qui n’est plus une surprise : on en connaît très peu - c’est d’autant plus triste que je me suis farci 6 ans d’école d’art - et ensuite même quand les noms me sont familiers, je n’ai souvent jamais vu les toiles que j’ai sous les yeux. C’est le cas de “la chambre bleue” qui me happe totalement.
La regarder me renvoie à plein d’images, à d’autres tableaux que je connais pour le coup (d’hommes donc) et, là encore, j’y trouve une dimension nouvelle qui me parler intimement.
Me vient dès lors une nouvelle passion : Comparer les toiles de peintres et peintresses pour voir comment le genre - et donc la situation sociale qui y est affiliée - influe sur les choix de représentation des mêmes sujets.
Par exemple, ici, c’est la figure de l’odalisque qui est revisitée. On pense à celle d’Ingres, dans les tons bleus elle aussi ou bien, plus récente, “l’Olympia” de Manet. Tableaux que j’aimais assez par ailleurs. Certes ce sont des sempiternelles meufs à poil mais fort bien exécutées.
Valadon fait donc ici un truc de ouf, qui passe quand même suffisamment inaperçu pour que je n’entende pas jusque là parler de cette toile : elle rhabille l’odalisque ! On est sur une femme habillée (encore mieux : en pyj !) , avec un corps qui ne correspond pas aux standards de beauté du désir masculin, d’ailleurs elle ne semble attendre personne. Elle est dans une position vraisemblable, elle ne se déforme pas le squelette pour montrer tous ses attributs à la fois. Et pire : elle lit, manifestement.
Je vous invite fortement à aller voir ces tableaux. Si vous avez la déter de vous déplacer : La grande Odalisque d’Ingres c’est au Louvre. Pour L’Olympia de Manet, il suffit de traverser la Seine, c’est au Musée d’Orsay. Et mon adorée “Chambre bleue” de Valadon….. est en dépôt au musée des beaux arts de Limoges….

Je remarque comme c’est dur de trouver les mots sur ce sujet.
Vivre ma colère est encore un phénomène noué pour moi. J’arrive mieux à l’identifier, je l’enfouis moins automatiquement. Parfois, je le dis à voix haute “je suis en colère”. Mais la laisser s’exprimer totalement, je ne sais pas ce que ça donne. Ça ressemblait à quoi la dernière fois que je me suis mise en colère, ou une fois tout court ?
Trou noir. Comme si je ne voulais pas encore trop creuser, mais j’apprends.
A défaut de trouver mes propres mots, ceux des autres ont pu être des déclics. Et par “autre” je me sens amenée à faire une distinction genrée, puisque notre société en fait une et que nos comportements en découlent. Parce que si les “boys don’t cry”, de l’autre côté, les filles ne se mettent pas en colère. Enfin si, elles peuvent et même elles le font mais c’est presque toujours vécu ou perçu comme quelque chose de lié à la honte. Comme un garçon qui pleure, il y a une tension là dedans.
Honte de ressentir de la colère, la trouver ridicule ou dangereuse et la refouler. La ronger jusqu’à l’aigreur ou la déprime. Ou bien la ressentir “trop” souvent et se trouver violente, anormale, monstrueuse. Entendre qu’on est grande-gueule, hystérique, radicale, une multitude de termes sont ainsi genrés au féminin. Avoir les larmes qui montent en même temps et inondent la colère, la rende moins légitime. On y perd une forme de poigne.
Un de ces déclics fut la prise de parole de Mai Hua lors du @wetoo.festival en 2022. Avec ma meilleure amie on a vu “éloge de la colère”, ça a tilté direct et on s’est inscrites. On avait envie de savoir. Cette conférence est en libre accès sur YouTube, je vous la conseille fortement, à toustes. Elle m’a fait un bien immense. Elle rassure parce que les mots résonnent. Elle met en lumière des points qu’on ignorait ou bien qu’on refusait de voir. En un sens, ça donne plein de clés pour se réconcilier avec sa colère, accepter qu’elle soit moche et découvrir qu’elle peut être belle et surtout, utile.

Ce post ci fait bien la jonction avec le précédent, car s’il y’a une colère que j’embrasse sans honte c’est celle qui naît en moi devant l’injustice, les violences et en topping, l’impunité de leurs auteurs.
Ouvrir les yeux sur le système oppressif de ce monde c’est clairement prendre la pilule rouge. C’est accepter d’accueillir en soi une bonne dose de colère quotidienne. Et rester sur le qui-vive car c’est un processus qui n’offre pas de répit. Mais la rage qui réveille, celle qui pousse à la lutte et au rassemblement, cette colère là est belle et mène loin.
C’est donc sans regrets que je tue les idoles.
Plus envie d’encenser ceux qu’un groupe de personne a décidé d’ériger en bande de dieux olympiens au nom de je ne sais quoi ? Le génie ? L’art ? La subversion ?
Je tue aussi celles qui font mal, celles que j’ai pu apprécier personnellement, sans avoir le contexte de la création de leurs oeuvres ni des coulisses. Ou bien je suivais l’exemple répandu des yeux fermés sur les angles morts. Je les tue et ça ne me pèse pas tant. C’est un soulagement même. Je me sens plus légère, purgée.
Je ne condamne pas la version de moi qui aimait ses oeuvres ni ceux qui le font encore. Je ne perd pas mon temps à ça. Ce qui compte c’est la place que ça me donne pour apprécier d’autres noms, oeuvres, qui résonnent plus intimement. Car des créations faites dans le respect et l’intégrité de ceux qui la constitue ou l’on inspirée ça existe et c’est d’autant plus beau. Il y a des noms à redécouvrir, sortir des oubliettes et surtout des tonnes qui fleurissent à chaque secondes.
On ne perd rien en tuant les idoles, on se réapproprie le monde, on place nos limites, on se rapproche de nous même.

Un peu d’apaisement pour ce dernier jour de 2023.
Une des plus belles choses que m’a apporté mon cheminement féministe - terme que je préfère d’ailleurs à déconstruction - c’est de m’être rapprochée des femmes. Celles qui m’entouraient déjà, celles que je ne connais pas vraiment, qui gravitent autour de moi et avec qui je me fais plus douce. Et puis toutes celles qui m’inspirent et me nourrissent par leurs actes, leurs oeuvres et viennent prendre place dans mon pantheon personnel des choses que j’aime après épuration de tout ce qui me semble maintenant problématique.
Ce dernier pavé de l’année parle du déclic que j’ai eu en commençant à me rendre à des événements culturels féministes. J’ai en tête l’épisode du podcast @lapoudretvenregistré en live au @lecarreaudutemple avec pour invitée la philosophe @camille.froidevauxmetterie J’y vais seule, j’arrive en avance avec un peu le trac comme une zinzin parce qu’il faut peut être se donner une contenance. Je m’assois sur les gradins qui peu à peu se remplissent….presque exclusivement de femmes, de personnes non binaires, tout un tas de gens que je n’ai absolument pas l’habitude de voir en majorité.
Au départ ça me fait tout drôle tellement ça m’est peu arrivé. Mais super vite je me laisse couler dedans comme dans un bain à température parfaite. Je sais qu’ici on rira des mêmes choses, on se lâchera sur les blagues misandre qui défoulent, on pleurera sans honte, on n’aura pas besoin de se justifier ou d’expliquer, d’argumenter. Elles savent.
Depuis, pour avoir ma dose soror (et juste parce que c’est trop chouette) je me rends régulièrement dans des ciné club, des festivals, des podcasts live, du stand up, du theatre, des conférences… J’y vais encore seule ou bien j’y amène ma mère, ma sœur, des amies parce que c’est magique de le partager avec des proches. Et puis j’y amène quelques hommes aussi (volontaires pas de force hein) et je pense que ça leur fait du bien d’être plongés dans un monde dont ils ne sont ni le centre ni le référentiel pour quelques heures.